VU À L'ÉTRANGER Athar Flour met le paquet sur l'exportation de farine
L'Iran a fait une entrée remarquée parmi les exportateurs de farine et ce n'est pas fini. Les moulins Athar Flour témoignent de cette volonté.
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Les moulins Athar Flour, installés à Bonab, dans la province de l'Azerbaïdjan oriental, au nord-ouest de l'Iran, à quelques kilomètres de la Turquie, ont été créés, il y a vingt-cinq ans par Saremy Davod avec une capacité journalière de 80 t. « La période était facile car nous avions beaucoup de subventions du gouvernement sur le prix de la farine. Il y avait une ferme volonté d'assurer une farine peu chère aux habitants du pays. » C'est ainsi que plus de 1 000 moulins ont vu le jour.
En 2003, l'entrepreneur s'associe avec trois amis pour développer un moulin industriel capable d'envisager l'exportation. « Les marchés de l'Irak et des autres pays voisins s'ouvraient, une véritable opportunité », confirme Moyadan Nia qui a investi dans la nouvelle entreprise. Le moulin passe alors à 400 t par jour.
Entreprise certifiée aux normes de qualité
L'embellie est de courte durée car les Turcs ont eux aussi compris qu'il y avait des places à prendre, et surtout les Kazakhs qui sont devenus les premiers exportateurs mondiaux de farine en inondant les pays frères comme la Russie, l'Ouzbékistan, le Kurdistan... Les moulins Athar Flour se replient sur le marché intérieur. Avec l'embargo et des prix très compétitifs, les Iraniens ont beaucoup mangé de pain, plus de 220 kg/an. Un marché qui a suffi à faire tourner l'entreprise. Certifiée aux normes de qualité, elle développe une marque composée de seize types différents de farine, très connus et appréciés en Iran, ce qui lui permet même de vendre de 3 à 5 % plus cher que les autres. Les besoins d'Athar Flour sont de l'ordre de 160 000 t de blé par an. La moitié est achetée directement aux agriculteurs qui livrent, en majorité à la moisson dans un rayon de 200 km.
Des blés venus d'ailleurs
« Nous payons un peu moins que le prix garanti par l'Etat qui est cette année de 350 $/t, mais les agriculteurs nous vendent car nous les réglons comptant et sommes des gens de confiance », se réjouit Saremy Davod. Malheureusement le blé iranien n'offre pas une grande garantie d'homogénéité en fonction des exploitations. « Nous avons besoin d'un complément de protéines et surtout de gluten », constate Ahmad Farrani, le chef meunier. Il compense ainsi avec des blés venus d'ailleurs. Les 50 % de complément arrivent de Russie, du Kazakhstan via la mer Caspienne, et du Canada via le golfe persique. Cerise sur le gâteau, ces blés sont estimés peu coûteux et de qualité. « Nous achetons aujourd'hui du blé russe pour 205 $ rendu à 12 de protéines et hyperglutéiné », sourit Saremy Davod.
Pour les quatre associés, cette situation n'est pas conjoncturelle mais structurelle. Ils sont persuadés qu'ils pourront continuer à acheter à bon prix du blé à l'extérieur. Ils ont donc pensé à construire une nouvelle unité de 200 t/j qui sera effective fin 2016.
De nouvelles capacités
« Pour avoir un moulin performant, nous avons fait appel à nos voisins turcs. Ils sont venus nous apporter les dernières technologies, ce qui nous permet de produire aujourd'hui de la farine à un coût inférieur à 10 $/t. » Il faut dire que les coûts de personnel s'élèvent, charges sociales comprises, à 2 $ de l'heure.
Les nouvelles capacités seront toutes tournées vers l'export. Les marchés irakiens et d'Azerbaïdjan restent traditionnels. Les pays du golfe, mais aussi l'Afrique de l'Est sont demandeurs. La confrontation frontale avec les Turcs ne leur fait plus peur et s'ils peuvent grignoter quelques parts de marché aux Européens ce ne sera que du plus. La démarche entreprise n'est pas unique. Il existe encore trois cents moulins en Iran avec notamment de grosses unités à Téhéran. Ils n'ont pas le choix, l'Etat a considérablement baissé la subvention versée aux moulins ce qui a entraîné une hausse du prix de la farine sur les marchés locaux. La consommation per capita a chuté de moitié en moins de deux ans. A défaut d'exporter du blé, les Iraniens exporteront de la farine.
L'exemple des Turcs qui importent du blé d'origine mer Noire pour vendre sur le marché international de la farine à des coûts sensiblement inférieurs aux Européens risque de faire des émules. Abbas Kashavas, vice-ministre des productions végétales, est très clair : « L'Iran est entré dans la mondialisation et nos entreprises l'ont bien compris. »
Christophe Dequidt
De gauche à droite, les quatre actionnaires d'Athar Flour : Leshangchi Ayub, Moyadan Nia, Saremy Davod, Leshangchi Mortaza.
C. DEQUIDT
Saremy Davod teste la dernière fabrication. La consommation par habitant a chuté de moitié en moins de deux ans.
C. DEQUIDT
La logistique locale repose à 50 % sur des blés achetés directement aux agriculteurs.
C. DEQUIDT
Le chef meunier, Ahmad Farrani, est fier des nombreuses certifications de l'entreprise, et de sa marque composée de seize types différents de farine.
C. DEQUIDT
Un accueil souriant et chaleureux dans cette entreprise fondée en 1991 par Saremy Davod.
C. DEQUIDT
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